Renforcer l’impact collectif des Associations Membres de l’IPPF pour l’accès aux soins d’avortement

Du 24 au 27 mars 2025, la ville de Douala, au Cameroun, a accueilli l’atelier régional de planification stratégique marquant le lancement de la phase 2 du programme SCAAO (Soins Complets d’Avortement en Afrique de l’Ouest). 

Organisé dans un esprit de co-construction, l’événement a rassemblé 20 représentant·e·s des Associations Membres (AM) de la région Afrique de l’IPPF — incluant Directeurs exécutifs, Responsables de programmes, Directeurs administratifs et financiers, Chargé·e·s du suivi-évaluation, ainsi que des prestataires engagés dans la fourniture de soins d’avortement. Les participant·e·s étaient issu·e·s du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Niger et du Togo. 

Cet atelier visait à renforcer les capacités des AM en matière de connaissances, de compétences et d’outils de suivi-évaluation pour une gestion efficace du projet SCAAO. Il avait également pour objectif de favoriser un apprentissage entre pairs et d’encourager des stratégies partagées entre pays, tout en consolidant les partenariats stratégiques et la collaboration entre AM afin de créer un environnement favorable à la réussite du programme. 

Un espace stratégique et collaboratif 

L’atelier a été rythmé par des échanges dynamiques, des partages d’expériences concrètes et des sessions techniques orientées vers l’action. Les sessions et thématiques clés abordées incluaient la clarification des valeurs et la transformation des attitudes (CVTA), le plaidoyer, l’autonomisation des jeunes, la documentation des bonnes pratiques, ainsi que le leadership institutionnel. 

Les résultats clés de la première année de mise en œuvre du programme SCAAO ont également été présentés et analysés. Parmi les accomplissements notables : 16 683 femmes et filles ont bénéficié de soins et d’informations sur l’avortement sécurisé, dont 91 % ont reçu une contraception post-avortement. Par ailleurs, 6 039 femmes et filles ont accédé à des services via WhatsApp, SMS, l’application InfoAdoJeunes et d’autres plateformes numériques. Une autre avancée majeure est l’engagement des AM dans le renforcement des écosystèmes des soins d’avortement aux niveaux national et régional, la mobilisation communautaire, et les initiatives de plaidoyer aux échelles locale et nationale. 

Mme Marie-Ange Bouwem, coordinatrice du projet SCAAO à l’Association Togolaise pour le Bien-Être Familial (ATBEF), a joué un rôle clé dans la facilitation des sessions. Le Dr Mady Dera, coordinateur du projet au sein de l’Association Burkinabè pour le Bien-Être Familial (ABBEF), a dirigé la session technique sur la clarification des valeurs, soulignant que « la performance durable repose sur des équipes valorisées, écoutées et engagées ». 

M. Gérard Da Silva, Directeur exécutif de l’Association Nigérienne pour le Bien-Être Familial (ANBEF), a salué l’approche collaborative du programme : « Travailler en consortium permet d’éviter les avancées fragmentées. Ensemble, nous avons un potentiel fort pour mobiliser davantage d’organisations autour de notre cause. » 

Enseignements et leçons transversales 

Les sessions consacrées à la communication autour de l’avortement ont fortement résonné auprès des participant·e·s. Ces derniers ont souligné combien le langage utilisé peut faciliter ou au contraire freiner l’accès aux soins. Les discussions ont été enrichies par des exemples concrets sur la manière dont les discours façonnent l’acceptation sociale de l’avortement. 

M. Ahmed Pana, Directeur administratif et financier de l’ATBEF, a insisté sur « la nécessité d’adapter le langage au public ciblé », tandis que M. Lotti Edjenguele, Directeur exécutif de la Cameroon National Association for Family Welfare (CAMNAFAW), a mis en lumière « l’importance d’une communication sensible pour lutter contre la stigmatisation ». 

Les sessions ont également favorisé un dialogue stratégique entre les équipes projets et les directions des AM. « Les travaux de groupe sur le leadership m’ont permis de mieux comprendre les leviers de la gestion stratégique du projet », a déclaré M. Rachid Awal, coordinateur du projet SCAAO à l’ANBEF. 

Un moment charnière pour le programme 

Cet atelier a servi de catalyseur pour une collaboration inter-pays plus structurée, a encouragé l’innovation locale et a favorisé une appropriation collective du projet. 
« L’atelier a été un espace pertinent de partage mutuel, où chaque AM apprend des autres pour améliorer ses propres stratégies », a résumé M. Gérard Da Silva (ANBEF). 

Mme Armande Bossou, Directrice des programmes de l’Association Béninoise pour la Promotion de la Famille (ABPF), a également salué l’atelier comme un espace d’apprentissage précieux : 
« L’atelier m’a permis d’apprendre des autres Associations Membres. Il m’a aussi permis de comprendre que, même lorsque l’environnement est favorable à la prestation des services d’avortement, il est essentiel de rester vigilant pour préserver cet environnement favorable et d’assurer une diffusion efficace des dispositions légales en vigueur afin que tout le monde soit également informé. » 

Une phase 2 plus ambitieuse et intégrée 

La phase 2 du programme SCAAO s’inscrit dans une dynamique d’amélioration continue, avec un accent mis sur l’autogestion de l’avortement, l’engagement significatif des jeunes, le plaidoyer fondé sur les données, et une gouvernance plus inclusive et efficace au sein des AM. 

L’atelier régional de planification stratégique de Douala a marqué une étape décisive pour le lancement de cette nouvelle phase, en y insufflant une ambition renouvelée et une meilleure cohésion. En réunissant les acteurs clés de toute l’Afrique de l’Ouest, l’événement a mis en lumière l’importance de l’intelligence collective, de l’apprentissage entre pairs, de la co-création et de l’alignement stratégique pour faire avancer l’accès à l’avortement sécurisé. 

Grâce à des discussions enrichissantes, des partages d’expérience et un esprit de collaboration, les participant·e·s ont non seulement renforcé leurs compétences techniques, mais aussi posé les bases d’une mise en œuvre plus intégrée, inclusive et percutante du programme. 

Par Kader Avonnon, Chef de projet SCAAO.