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Yacine Kone, mieux armée pour faire avancer la santé de la reproduction en Mauritanie

Par Anthelme KASSAWA

Pilier de la planification familiale en Mauritanie

En Mauritanie, la planification familiale et la santé sexuelle et reproductive font face à de nombreux défis. Malgré les efforts déployés, les taux de prévalence contraceptive restent faibles et les taux de mortalité maternelle et infantile élevés. Bien que les services de planification familiale soient moins disponibles en zone rurale et dans les régions les plus reculées du pays, les couches défavorisées qui vivent en zone urbaine ont plus de difficultés à avoir accès aux services de planification familiale que les résidents plus aisés, et ce pour diverses raisons liées au contexte social, culturel et financier. Selon les données du MICS 2015, (Planification familiale/méthodes de contraception (who.int), le taux de prévalence contraceptive toutes méthodes confondues est de 17,8% et les besoins non satisfaits sont de 33,6%.

C’est dans cet environnement complexe de la santé sexuelle et reproductive qu’évolue depuis plus de 20 ans Yacine Koné, 55 ans. Sage-femme de formation, Yacine s’est donnée pour mission d’aider ces milliers de femmes mauritaniennes de sa communauté qui ont perdu des proches du fait d’un accouchement risqué, ou malheureuses du fait d’un trop grand nombre d’enfants alors que les ressources disponibles sont insuffisantes. Inspirée depuis son jeune âge par sa grande sœur, également sage-femme, Yacine Koné a choisi ce métier par passion et par ambition de sauver des vies. Cette vocation précoce l'a poussée à poursuivre des études, après son diplôme de sage- femme, en soins obstétricaux néonataux d'urgence (SONU) et en planification familiale, où elle a excellé et s'est rapidement imposée comme une référence dans son domaine.

Yacine Koné, Atelier d'harmonisation de la transmission des connaissances en technologies contraceptives à Nouakchott, 22 juillet 2024. Photo prise par Anthelme Kassawa.
Yacine Koné, Atelier d'harmonisation de la transmission des connaissances en technologies contraceptives à Nouakchott, 22 juillet 2024. Photo prise par Anthelme Kassawa.

En plus de ses responsabilités cliniques, Yacine Koné est maîtresse-mentor en soins obstétricaux et en planification familiale en Mauritanie. Elle a formé et mentoré plus d'une dizaine de sage-femmes dans la région de Kehidi et au-delà. Ce rôle de mentorat implique un suivi rigoureux et un soutien continu pour s'assurer que les sage-femmes appliquent correctement les techniques apprises et maintiennent des standards élevés de qualité et d'hygiène dans leurs pratiques.

« Mentorer une sage-femme, c'est plus qu'un simple suivi. C'est un engagement à long terme pour améliorer les compétences et la confiance des prestataires, et garantir que chaque femme ait accès à des soins de santé reproductive de qualité », souligne Yacine.

Le coup de pouce de l'activité ExpandPF

 Aujourd’hui cheffe du service de planification familiale à la Direction régionale de la santé de Kehidi, Yacine Koné supervise les activités de la santé de la reproduction de toute la région. C’est dans ce cadre qu’elle a été retenue par le ministère de la Santé mauritanien pour participer, du 15 au 26 juillet 2024, à un atelier d’harmonisation des connaissances et des compétences des prestataires de soins en technologies contraceptives, dans le cadre de l’activité ExpandPF, financée par l’USAID.

« Cet atelier est une bonne chose pour nous, car il nous aide à harmoniser nos connaissances et à les transmettre efficacement à nos collègues dans les zones les plus reculées », explique Yacine. « Nous avons appris de nouvelles méthodes contraceptives, ce qui nous permettra de faire un passage à l'échelle et de transférer ces compétences aux prestataires de santé partout en Mauritanie. »

Cette initiative, organisée sous la supervision du Programme nationale de la santé reproductive (PNSR) de la Mauritanie, vise à rendre disponibles les produits contraceptifs à tous les niveaux en formant des prestataires de soins de santé, y compris des gynécologues et des sage-femmes. Pour Yacine, qui a particulièrement apprécié le module sur le counseling réduit, cet atelier vient l’outiller en techniques modernes afin de mieux conseiller et de convaincre les femmes d'accepter ces méthodes contraceptives modernes, notamment les dispositifs intra-utérins, souvent mal perçus en Mauritanie.

Yacine Koné, Exercice pratique d'insertion de DIU, Atelier d'harmonisation de la transmission des connaissances en technologies contraceptives à Nouakchott, 22 juillet 2024. Photo : Anthelme Kassawa.
Yacine Koné, Exercice pratique d'insertion de DIU, Atelier d'harmonisation de la transmission des connaissances en technologies contraceptives à Nouakchott, 22 juillet 2024. Photo : Anthelme Kassawa

« J’ai été particulièrement touchée par la méthode du counseling réduit dans la mesure où il nous aide à convaincre les femmes pour une bonne acceptabilité de la méthode. Par exemple, la méthode du dispositif intra-utérin (DIU) ne marche pas beaucoup ici en Mauritanie. Mais avec la nouvelle méthode du counseling réduit, nous sommes capables désormais de faire adhérer un nombre important de femmes à la planification familiale. »

En tant que sage-femme, Yacine Koné a pu faire une différence tangible dans la vie de nombreuses femmes et de leurs familles. En aidant de nombreuses femmes à espacer les naissances, à accoucher en toute sécurité et à résoudre divers problèmes de santé reproductive, y compris chez les adolescents et les jeunes, Yacine Koné est une ressource précieuse dans sa communauté, et incarne les valeurs d’altruisme et de professionnalisme, qui la placent comme une championne de la santé de la reproduction en Mauritanie.

 

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